Les étés de poussière

Publié le 22 Octobre 2011

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L'anamour me paralysait autant que l'amour, et des mois après, survivant dans ton sillage, la vie sans toi me laissait un goût acre et amer à la bouche, une langue éternellement pâteuse de solitude. Je buvais des cafés en terrasse, tièdes et épais. Les filles jadis jolies et légères étaient sans consistance. 

Je regrettais l'acier coupé net des glaciers, leur froid qu'on peut humer à distance. Les grandes chaleurs ramenaient à la surface des odeurs lourdes et nauséabondes comme si la terre était en colère contre le ciel, un ciel trouble comme une plage au sable ondulé. Etait-ce ça l'odeur de l'absence, l'odeur de la mort, à la place du parfum subtile des femmes, de l'exhalaison de leur peau fine et ambrée, toutes choses que l’esprit – ou le thalamus, l'archéocortex, la cingulaire – rejette, comme Saint Pierre reniant le Christ ?

Je revoyais les bêtes instants d'hier où, en proie à l'obsession de t'entendre, je faisais freiner Larry à chaque cabine téléphonique aperçue, et je descendais, le cœur battant à tout rompre ; et bien souvent tu n'étais pas là, et je me disais que de cette chaleur, avec ce ciel bleu, tu avais mieux à faire que de rester à attendre mes coups de fil et qu'à ta place, je serais devenu fou de ne plus oser sortir.
Comme quand - était-ce si longtemps après - j'apercevais en ville la même voiture que la tienne, de la même couleur - mais que ce n'était pas elle le plus souvent.

Ces leitmotivs, ces images marquent comme des flashes obsédants, comme des cauchemars éveillés qui foudroient malgré soi, des mois durant.
C'est à tout cela qu'on sait qu'on est toujours dans le no man's land entre deux histoires, deux épisodes fatidiques de sa vie.
Ce tunnel comme une nuit polaire où il semble que le soleil ne se lèvera plus jamais. 

 

Rédigé par Christophe Le Ham

Publié dans #poésie

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N
<br /> <br /> Toute poussière peut être entendue comme un bourgeon de lumière...<br /> <br /> <br /> Mais comme parfois elle se fait attendre, et comme parfois ces bourgeons sont enfermés dans une bogue aux piquants dressés...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Regardons ls saisons s'écouler en nous, écoutons les, un jour , toujours il y a comme un printemps involontaire...<br /> Merci beaucoup pour cette trace de vous sur mon blog...<br /> Nath<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Les poussières sont aussi les limons, les sédiments des souvenirs qui se superposent en couches, recouvrant (parfois) les précédents, des sentiments qui sédimentent pour faire ce que nous<br /> sommes...<br /> <br /> <br /> Merci de votre passage.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Poussières d'été...qu'il convient de chasser pour pouvoir encore bien respirer.<br /> <br /> <br /> Mais poussières, terreau fertile, dans lequel, il nous faut replanter nos germes d'après hiver.<br /> <br /> <br /> Alors prendre son temps, rassembler SON meilleur. Aller, de nouveau vers soi, donc vers l'ailleurs. Aucun no man's land n'est infini.<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> Arthémisia<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Il en est de la vie des hommes comme les saisons, tu as raison. Elle se renouvelle, on fait sa mue, on gagne une nouvelle peau, tout en gardant la trace des plus anciennes...<br /> <br /> <br /> Aucun no man's land ne dure éternellement c'est vrai, mais il y a des vides du coeur, des solitudes, à certains moments de sa vie qui semblent ne jamais finir...<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Nous nous comportons tous de la même façon, nous l'exprimons de différentes manière mais la trame de soi ressemble à son voisin, nous sommes tous de chair et de sang et l'amour nous ramène<br /> toujours à cette trame qui est en dessous de l'empreinte digitale.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Tout à fait d'accord. Et même si la façon de ressentir ses sentiments et de vivre avec eux varie d'un être à l'autre, en deça de cette chair et de ce sang, comme tu le dis, les mêmes causes<br /> provoquent souvent les mêmes effets.<br /> <br /> <br /> Ces vieux souvenirs laissent des traces émotionnelles qui persistent longtemps, qui font cette matière que l'artiste se plait à travailler <br /> <br /> <br /> <br />