Les plans de rien
Publié le 12 Décembre 2012
J'en avais plein le cul de tous ces plans à la con, les ballades romantiques en barque où tu te fais des ampoules aux mains, les 5 à 7 placides où tu niques en 15 min (départ arrêté) sous les draps dans la demi-obscurité, les speed dating où tu te farcis des cadres trentenaires aigres-douces qui croient passer un entretien d'embauche ; les soirées sur les Champs dans les boîtes branchées, chiantes comme la mort, les week-end à Cabourg coincé entre le casino, la plage et le cinoche, à becter des saucisses frites à l'huile de vidange.
Plein le cul de me farcir des rocks de shampouineuse, de prendre un air contrit quand la pétasse insipide monte sur la balance et me dit "48 !!! Ah, mon dieu j'ai encore grossi!", de balancer une parole compatissante aussi débile que peu convaincante, de devoir attendre 19 H pour la voir grignoter sa pomme, et se taire "Chuuut ! chuuut !" quand passe son feuilleton à la con pour souris décérébrées ("mais tu peux pas comprendre...")
Y en a à qui j'avais envie de claquer le beignet, sans crier gare, et de planter là, me tirer d'un coup ; freiner en pleine campagne, la balancer par la portière, la laisser se démmerder et tracer vers le Sud, vers n'importe quel coin (cardinal) mais y aller ; à Barcelone, au Chili, en Sierra Leone, aller bosser au fond d'une mine, vivre comme un rat alcoolique à se les peler au fin fond de la Sibérie orientale, ne plus voir le jour des mois durant, entrer dans un monastère Shaolin, me raser le crane, réciter des prières où je comprendrais que dalle, m'entraîner au sabre jusqu'à m'en abrutir et ne devenir plus qu'un réflexe médullaire, disparaître du monde terrestre même s'il faut laver les chiottes du skipper trois fois par jour, mais ne plus voir que l'horizon, la mer glauque et les nuages orphelins.
Ou bien devenir l'ours qui hiberne, tranquillement allongé, ses deux pattes sur son ventre, s'endormir après s'être empiffré tout l'automne avant de commencer à se geler les noix.
Au moins l'ours on les lui casse pas toute la journée en le bassinant sur le mauvais goût des voisins, le mauvais choix de sa gonzesse, la prochaine game boy à acheter aux mioches.
Et va lui dire, toi, à l'ours, qu'il sait pas prendre d'initiatives ou qu'on pas peut compter sur lui...
(un coup de patte dans la gueule et c'est fini !)