Bris d'instants

Publié le 28 Novembre 2012

Copie de lumière3

 

Elle est dans la pièce. Intemporelle, absoute. L’âme plane dans l’encadrement de la fenêtre noyée de lumière. Toutes les saisons défilent en une seule seconde, chutant d’insomnie en décrépitude.

Des faisceaux de soleil en larmes de pluie, coulant sur les vitres du temps, elle est là et ailleurs, toujours et jamais plus. D’un visage ténu aux chaussures rouges vernies, une expression fatale et charnelle, elle habite toutes les histoires, des plus simples, des plus banales aux épopées d’une vie ; elle passe dans un champ de fleurs décapitées qui tombent en averse de lumière, un sourire - un  métal brille, aveuglément. L’herbe humide n’accueillera pas son corps, elle flotte dans l’insaisissable.

Son visage infime reste droit,  sa voix neutre et essentielle fait taire sa présence ; son souffle est de celui qu’on accueille avec soulagement quand la peine expire.

 

Un siècle file en quatre sans jamais apercevoir ce qui est ou n’est plus : ombre, dame blanche, spectre diaphane, mouvant et flou en nappe de corps flottants, une brume vaporeuse et irréelle, comme ces hommes qui posaient sur la glace d’un fleuve au commencement d’une ère – tous disparus, parsemés, séparés – à l’instant même où le nuage de magnésium s’est envolé.

 

Rédigé par Christophe Le Ham

Publié dans #poésie

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F
<br /> Très beau texte.<br />
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C
<br /> <br /> Merci Fernand, pour votre avis de connaisseur.<br /> <br /> <br /> <br />